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LeukosPokeRP - Une aventure exotique !

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15/01/2017 - 23/01/2017 :
Une aventure exotique !



Dimanche 15 janvier 2017, fin de matinée.


Un mois. Cela faisait un mois et un jour, précisément, que Bonnie avait remporté sa première grande victoire de dresseuse : elle avait défait Renaud, le maître incontesté des Pokémon Eau à Bourg-en-Pêche. Et elle n’en était pas peu fière. Après ce succès, qu’elle avait immédiatement annoncé à son papy, sa mamy et sa soeur, la jeune fille était restée à Bourg-en-Pêche et avait pris quelques semaines de repos. Un peu trop, peut-être. Mais Leukos ne manquait jamais d’occasions pour une belle aventure, et une de celles-là allait pointer le bout de son nez aujourd’hui.

Aujourd’hui.

Les murs de Bourg-en-Pêche avaient changé d’air pendant la nuit. Depuis l’annonce de l’ouverture de Garago Resort et, plus largement, de l’archipel et péninsule de Garagara au public hier, une grande campagne de pub avait été lancée par l’Entreprise Mercury. Et on peut dire qu’ils allaient vite en besogne. Les magnifiques décors exotiques de la péninsule se voyaient maintenant représentés à chaque coin de rue de la ville côtière. Et ça, ça faisait baver. Bourg-en-Pêche était connue pour son important taux de tourisme, c’était donc l’un des meilleurs endroits pour faire la publicité de cette nouvelle “attraction”. “Ils pensent vraiment à tout…”, se dit Bonnie en quittant des yeux une de ces affiches pour tourner au coin de la rue. Elle se promenait dans les avenues bondées, comme à l’accoutumée, de la ville et son Lixy chromatique, Regal, tenait son flanc. Il faisait encore froid à Leukos, - il faut dire qu’on était à la mi-janvier seulement -, aussi l’attrait des paysages chauds de Garagara pressait le coeur des Leukosiens. “Ils sont malins, très malins”, pensa-t-elle quelques secondes plus tard. Proposer un beau voyage dans un archipel luxuriant aux températures de rêve à un public vivant dans le froid et morne hiver continental ? C’était du génie publicitaire ! Du génie ! L’Entreprise allait faire un carton, elle en était sûre.

Quant à ces soi-disant nouveaux Pokémon peuplant la péninsule… Bonnie se fit rêveuse.

- Tu crois qu’ils ressemblent à quoi, ces Pokémon dont ils parlent ? demanda-t-elle à Regal.

- ‘xyyy, Liii !

- Hum… Et dire que j’ai pas rencontré la moitié de ceux de Leukos… Et en voilà des nouveaux qui débarquent de nulle part ! … C’est SUPER excitant ! s’écria-t-elle soudainement.

Ils descendaient la rue commerçante. Bonnie gambadait à moitié.  

- Par contre, je suis pas certaine que papy me laissera y aller. Bon, au moins on lui a prouvé qu’on était une équipe fiable quand on a remporté le combat contre M. Verone.

Sur ces mots, la jeune fille sortit de l’intérieur de sa veste le précieux Badge Flots. Elle l’examina “sous toutes ses coutures”, avant de le remettre en sécurité.

- Mais il dira certainement qu’on a encore plein de choses à voir sur le continent, qu’il est trop tôt pour s’aventurer ailleurs…

Bonnie s’arrêta un instant de parler pour observer le nuage de fumée blanche qu’elle produisait à chaque respiration. Il faisait froid, ici, alors que là-bas, à Garagara, c’était le plein soleil… Tout le temps ! Enfin, c’est ce que disait la publicité. Bonnie s’arrêta. Regal interrompit son pas et jeta un coup d’oeil en l’air, vers sa dresseuse.

- Je veux y aller ! JE VEUX Y ALLER ! Tu veux pas y aller, toi ? lança-t-elle à son Pokémon en s’acroupissant à son niveau.

- Li-Li, Lixy. ‘Xyyyy !

- Héhé, toi aussi ça t’intéresse ces “nouveaux” Pokémon, pas vrai ? Et puis la réserve naturelle… Et le Resort… Est-ce que c’est si cher que ça, l’entrée ? Oh, ça se trouve…

Un bip sonore l’interrompit dans sa phrase. La jeune fille afficha une mine étonnée, puis fouilla dans sa jupe, qui vibrait littéralement, et en sortit son Pokékit. Tiens, elle avait un message… Oh ! Serait-ce de Kori ? Ou de Nazem ? … Ou d’Amras ? Il n’y avait pas grand-monde qui avait son numéro, alors ça ne pouvait être que…

Minerva. Minerva Lloyd. Le Professeur Pokémon de Leukos. … Gnè ?! Bonnie parcourut le message des yeux et resta pantoise à sa lecture. Après quelques secondes, certains passages de celui-ci éveillèrent en elle la flamme de l’aventure. C’est… C’est exactement ce qui lui fallait ! Une raison, une justification ! Quelque chose à montrer à son grand-père, quelque chose qui l’obligerait à accepter son expédition. Quelque chose comme : “Le Professeur Minerva a besoin de mon aide”. Ça en jetait ! C’était la classe ! C’était trop cool !!

- “[...] Et j’y ai vu ce que je ne pensais jamais pouvoir voir : des Pokémon bien connus de nous et des terres leukosiennes, mais présentant une forme tout autre, une nouvelle apparence, très différente de celle dont on a l’habitude, mais en totale adéquation avec le climat particulier de Garagara [...]”, relut-elle à voix haute.

Elle parut pensive.

- Alors y a pas que des nouveaux Pokémon… ? Y a aussi… Des Pokémon qu’on connait mais qui ont une autre apparence ?

Elle baissa les yeux et croisa le regard de Regal qui la fixait avec attention.

- … Oh ! OH !! Tu crois que… ? Tu crois que c’est des comme toi ? Des Pokémon “chromatrucs”, une même espèce qui présente différentes apparences… Différentes couleurs ?!

Elle resta bouche bée devant son Pokékit, puis osa un commentaire supplémentaire.

- Eh… Ça s’trouve, tu viens de Garagara, lança-t-elle à son Pokémon.

Le Lixy parut étonné par cette assertion et secoua la tête. Non, lui, il avait toujours vécu ici, à Leukos. Il se roula par terre pour montrer son affection pour l’île gigantesque.

- Ha ha ! Je rigole, je sais bien que t’es un vrai Leukosien… Comme moi !

Mais l’information la plus importante du message n’était pas là, non. Elle se trouvait à la fin. D’ailleurs, Bonnie relut le passage en question.

- “[...] J’ai pu ramener quelques spécimens de l'archipel pour les étudier directement en labo. Maintenant que j’y pense… Ça... Ça vous servirait peut-être plus qu’à moi. Comprenez-moi bien : vous allez avoir affaire à de nouvelles espèces qui ne connaissent rien de Leukos ni de ses autres Pokémon. Il sera beaucoup plus aisé de les approcher si vous vous présentez devant elles au côté d’une tête qui leur est déjà… connue, disons. Allez, pas de chichi ! Je vous envoie à chacun un de ces nouveaux Pokémon. Allez vous faire potes avec les autres ! [...]”... Quelques spécimens de l’archipel ? À chacun un de ces nouveaux Pokémon ? À chacun… Un nouveau Pokémon… Archipel… H-HEIIIN ?!

Bonnie se mit à gesticuler dans tous les sens. Minerva Lloyd comptait leur offrir, à chacun, - elle ne savait d’ailleurs pas qui se cachait derrière ce mot, les dresseurs qui avaient reçu un Pokémon d’elle peut-être… ? -, une de ces espèces de Garagara ! Pour qu’il puisse approcher plus facilement les autres dans l’archipel ! A-Alors elle aussi ? On allait lui donner un Pokémon garagarien à elle aussi ? O-Oui, certainement, sinon elle n’aurait pas reçu ce message. La jeune Lacomirienne pensa un instant que ce serait son second Pokémon, et le deuxième offert par le Professeur. Décidément, cela ne mettait pas en avant ses talents, s’ils existaient, de “chasseuse” de Pokémon : elle n’avait aucune capture à son actif. Mais qu’importe !

- Un second Pokémon ! s’écria-t-elle. Notre équipe va s’agrandir, Regal, grâce au Professeur ! Et on va partir… On va partir en voyage !

Voilà, comme ça. Dans sa tête, c’était fait : elle se voyait déjà avec Regal et son nouveau Pokémon se dorer la couenne sur les plages de sable d’or de Garagara.

- Mais… Euh… O-On fait comment… ? Je veux dire, elle a dit qu’elle nous les envoyait, mais comment ? Par quelle voie ? Par quel moy-... Oh ! Le Centre ! La machine d’échanges ! C’est ça, c’est ça ! Vite, Regal, allez, vite !

Le Pokékit rangé dans sa jupe, la gamine s’élança à toute allure dans la rue, direction le Centre Pokémon. Il n’y avait plus aucune seconde à perdre : elle voulait et elle aurait, aujourd’hui même, son tout nouveau Pokémon de Garagara. Et puis… Elle s’y rendrait ! Elle s’y rendrait !!! Sur la péninsule !

Elle stoppa net sa course quand, glissant sur une plaque de verglas difficilement visible, elle se retrouva à terre, les quatre fers en l’air.

- OUUUCH ! Aïïïïïïïïïe !! AAArgh ! se lamenta-t-elle au sol.

Regal s’empressa de lui administrer les premiers secours : des grosses lèches bien baveuses sur le visage. Mais ça n’aidait en rien le pauvre dos de Bonnie, qui avait pris l’impact de… front. Elle se releva avec difficulté.

- Aïe… Ça fait super mal… Argh… Bon, on v-va y aller. Au Centre. Mais en marchant, o-okay ? proposa-t-elle à Regal.

Le Pokémon acquiesça, même s’il n’était pas sûr de savoir à quoi il donnait son accord : c’était pas prévu cette glissade à moitié contrôlée ? Oh, il pensait que Bonnie s’amusait. Mais elle avait l’air d’avoir mal en fait. C’était pas une blague ? Non ? Rho.

La gamine parvint rapidement au Centre Pokémon de Bourg-en-Pêche. Elle pénétra dans le bâtiment et se dirigea vers l’accueil. L’infirmière Joëlle s’activait derrière le comptoir.

- Bonjour ! salua Bonnie.

- Bonjour, mademoiselle. Que puis-je faire pour vous ?

- J’aimerais récupérer un Pokémon par échange, s’il vous plaît. C’est euh… Le Professeur Pokémon qui me l’envoie.

- Un échange en provenance du laboratoire Pokémon d’Aurapolis, c’est bien ça ? Je vérifie ce que nous avons reçu. Votre nom, s’il vous plaît.

- B-Bonnie, Bonnie McIlveen !

- Bonnie… McIlveen. Oui, très bien, je vous ai. Vous pouvez utiliser l’appareil d’échange n°3 dans le coin, juste là. Entrez vos données et vous recevrez le Pokémon qui vous a été envoyé, expliqua Joëlle.

- O-Okay, merci beaucoup !

- Votre Pokémon n’a pas besoin de soins ? Ce service est gratuit.

- Hein ? Ah, Regal. Oh non, non, il va bien, merci !

La gamine s’éloigna du comptoir avec Regal et s’approcha de la machine d’échange. Elle pianota un instant sur le clavier, entra ses données d’identité, le numéro de sa carte dresseur, de son Pokékit et de son Pokédex, puis confirma.

- Huuuum… Et lààà…

La jeune fille entendit un déclic, puis un bruit sourd, et vit apparaître, dans le tube de verre qui était jointif de l’appareil d’échange, une Mercuroball. Celle-ci glissa le long du tube et tomba dans le bac de réception. Un scanner passa son rayon d’analyse sur la ball, puis la machine d’échange lui indiqua que c’était bon, qu’elle pouvait retirer le Pokémon échangé. Bonnie hésita un instant, puis saisit la Mercuroball. Elle l’examina longuement, - c’est la première fois qu’elle avait en main une de ces balls -, puis abandonna la machine d’échange et s’en éloigna vers un banc à quelques pas de là. Elle s’y assit, les yeux toujours fixés sur la Mercuroball, puis regarda Regal.

- … Prêt ?

- Lixyyyy !

- Je me demande… Ce qu’elle m’a envoyé. Encore un Pokémon spécial… ?

Bonnie activa la Mercuroball. Un rayon de lumière rouge vif étincela, faisant apparaître devant la dresseuse et son compagnon Lixy une forme indistincte. Celle-ci se précisa petit à petit, jusqu’à ce que se matérialise devant eux un petit renard d’un demi-mètre et d’une dizaine de kilos, blanc comme neige. Bonnie ouvrit et ferma la bouche à plusieurs reprises avant qu’un son daigne enfin franchir le pas de ses lèvres. Outre un évident “QU’IL EST BEAUUUUUUUUUUUUUUUUUU”, une autre pensée se forma dans son esprit.

- Mais… Un Goupix ? marmonna-t-elle. C’est… C’est juste un Goupix, non ?

L’animal ouvrit la gueule mais n’émit aucun bruit. Il trémoussa la queue. … C’était quoi, ça ? Il venait de bailler ?

- Un Goupix… Oui, ça a l’air d’être ça, trancha-t-elle à voix haute. Un Goupix. Mais… Il est tout blanc. C’est roux les Goupix d’habitude. C’est roux…

Par réflexe, la gamine sortit son Pokédex. Celui-ci confirma son idée. Il s’agissait d’un “Goupix d’Alola”. Aloquoi ? La ? C’était quoi ça ? Bonnie n’avait plus en tête le message du Professeur. Les informations données étaient relativement pauvres et se bornaient à une description du Pokémon en lien, d’après ce que comprit la jeune fille, avec sa région d’origine. Le Pokédex ne parlait pas de la péninsule de Garagara.

- Ah… Bah oui, c’est pour ça qu’elle nous envoie là-bas. Alola… Hum, elle a pas dit qu’elle savait d’où ils provenaient ? C’est de là ? D’Alola ? Je suis nulle en géo...

Elle rangea l’appareil et se mit à réfléchir. Un Goupix d’Alola… Un Goupix tout blanc au lieu de roux… Est-ce que c’était… ?

- Tu serais comme… Comme Regal ? Un Goupix chromatique ? Et le Professeur n’a encore jamais vu de Goupix de cette forme parce qu’elle n’existe qu’à Alotruc ? Et à Garagara ? Et pas à Leukos tels quels ? … Hum. Ça parait être la solution la plus plausible, conclut Bonnie.

Elle se posait tout un tas de questions, et peu d’entre elles trouveraient réponses dans la seconde. Elle se persuada d’avoir compris l’affaire : comme Regal, ce Goupix devait être un “shiny”, c’est-à-dire un Pokémon de la même espèce que le Goupix leukosien, mais aux couleurs différentes. L’apparence différait, l’apparence et c’est tout. Oui, c’était sûrement ça.

Contente d’avoir trouvé une explication à ce mystère, elle afficha un grand sourire et s’accroupit devant la bête immaculée. Celle-ci s’était tournée curieusement vers le reste du bâtiment : des gens, des machines, des plantes, des Pokémon, il y avait ici un tas de choses qu’elle n’avait jamais vues.

- S-Salut, murmura Bonnie. Salut, moi c’est Bonnie. Le Professeur t’a confié à moi, c’est moi qui vais m’occuper de toi dorénavant. On a une tâche à accomplir ensemble.

Le Goupix blanc fit face à la dresseuse, l’air interrogateur.

- Je sais que tu n’es pas d’ici, tu viens d’une île lointaine, mais c’est pas grave. Je vais te montrer et t’apprendre ce qu’il y a à savoir sur ce continent. Et ensuite, on partira accomplir notre mission à Garagara, chez toi. Bienvenue à Leukos, petit Goupix blanc ! Tu veux bien qu’on coopère ? Regarde là, à côté de moi, c’est Regal, mon Lixy. Il est très gentil, vous serez amis !

Poliment, Regal vint se présenter au Goupix, qui le considéra avec défiance. Était-ce de la timidité ? De la peur ?

- Li, Lixy ! “T’en fais pas, je vais pas te manger ! Bonnie veut qu’on soit amis. Moi ça me dit bien ! Enchanté, je m’appelle Regal, je suis un Lixy chromachin ! Dis, t’aimes bien les farces ? Parce que moi j’adore ça et il me faudrait un comparse pour m’aider dans mes entreprises, héhéhé.”

Le Goupix ouvrit à nouveau la gueule, - pour répondre à Regal ? -, mais rebelotte : aucun son n’en sortit.

Regal inclina la tête et, en fond, Bonnie fit de même. Mais qu’est-ce qu’il avait ce Pokémon ? Est-ce qu’il essayait de communiquer mais n’y parvenait pas ? Ou avait-il seulement la fâcheuse habitude de bailler dès qu’on lui adressait la parole ? Le Goupix se mit à se gratter le derrière de l’oreille avec sa patte arrière gauche. Bonnie arqua un sourcil, murmura quelque chose à Regal puis s’absenta un instant. La minute d’après, elle était de retour, l’infirmière Joëlle à ses côtés.

- Il ne parle pas, se plaignit Bonnie. On dirait qu’il veut, mais il n’y arrive pas. Ou alors il baille.

Sur cette dernière suggestion, Joëlle esquissa un sourire, puis s’attela à l’examen du Pokémon. Qui fut très rapide.

- Il est aphone, conclut-elle. Ses cordes vocales sont endommagées ou mal formées, je ne suis pas certaine. Je ne sais pas te dire de quand ça date. Ca n’a pas l’air neuf, à vrai dire. Il ne s’en plaint pas en tout cas. Un problème de naissance peut-être ? Il faudrait mener une enquête plus poussée, demander à un expert de l’appareil phonatoire Pokémon. Je peux en contacter un, si tu le désires, mais la consultation ne sera pas gratuite. Mais au fait… Qu’est-ce que c’est que pour un Pokémon ? On dirait un Goupix mais...

Passée la surprise d’apprendre que son nouveau Pokémon était… Quoi ? Muet ? C’est bien ça que disait l’infirmière, hein ?, Bonnie entreprit de trouver une réponse adéquate à lui donner.

- C’est ça ! Un Goupix blanc. C-C’est le Pokémon que j’ai reçu du Professeur. Il est un peu spécial. À vrai dire, ça fait partie d’un projet top secret entre le Professeur et moi, je ne peux malheureusement pas vous en dire plus, esquiva-t-elle.

L’infirmière arqua un sourcil en se redressant. En même temps, un léger sourire se dessinait sur ses lèvres.

- Si c’est top secret, ma foi…

Elle salua Bonnie, qui la remercia de son diagnostic, puis retourna vaquer à ses occupations, la première étant de téléphoner au laboratoire d’Aurapolis pour demander au Professeur pourquoi diable elle offrait des Pokémon inédits à des dresseurs inexpérimentés.

- Alors… Tu sais pas parler ? demanda Bonnie en s’accroupissant à nouveau près de son protégé.

Le Goupix neige agita son oreille droite, puis pencha la tête à gauche. Bonnie se demanda un instant s’il était sourd aussi. Ou alors, il ne comprenait simplement pas les humains. Si c’était un Pokémon qui avait toujours vécu libre et sans contact avec les hommes sur l’archipel de Garagara, c’était, en fin de compte, plutôt logique.

- Ca va être… Un véritable défi, conclut la gamine.

Un Pokémon chromatique au caractère de feu doublé d’un autre muet et étranger au monde des hommes. Décidément, on ne faisait pas de cadeau à Bonnie en matière de dressage Pokémon.

- Et il te faut un nom…


Jeudi 18 janvier 2017, après-midi.


- Et pourquoi pas “Gelida Gehenna”, tu en penses quoi ?

- Hein ? Ils sont toujours super bizarres tes noms, répliqua Bonnie à son Pokékit.

- Comment ça “bizarres” ? Mais pas du tout ! Ca veut dire “Enfer gelé” en latin et “gehenna” est un mot hébreux à l’origine. D’après ce que j’ai compris, ça le décrit plutôt bien, non ? À mon sens, le nom d’un Pokémon doit refléter sa personnalité ! argumenta Amy McIlveen, sa grande soeur, qui intervenait par appel holographique.

- Hé, c’est pas parce qu’il a congelé la queue du Chacripan de mamy que c’est un “enfer” ! Il l’a pas fait exprès.

- Moui, c’est ce que tu crois, ça. On attribue pas assez leurs torts aux Pokémon. En tous les cas, il est au moins “gelé” ! argua Amy.

- … Ce qui n’est pas normal. Les Goupix sont des Pokémon feu, je me suis renseignée. Pourquoi le mien crache de la glace ?

- C’est bien un de ces fameux Pokémon de Garagara, non ? Visiblement, c’est un autre genre de Goupix. Ce n’est d’ailleurs peut-être pas un Goupix tout court. Je n’y connais rien moi, Bun’, tu sais bien.

- Si, “Goupix d’Alola”, c’est ce que le Pokédex disait. Hum… Il faut que je me rende dans l’archipel, j’en découvrirai plus là-bas. En attendant… Je sais toujours pas comment l’appeler !

- Tu as raison, Bunny, c’est bien là ta priorité, lui trouver un nom, alors qu’il s’amuse à congeler la moindre chose vivante, ou non d’ailleurs, qu’il croise.

- Te moque pas, je fais ce que je peux, Am’ ! A-Aide-moi plutôt…

- Loin de moi l’idée de me moquer ! Alors, le nom, voyons… Il est muet, c’est ça ?

- Oui. Je ne sais toujours pas trop bien pourquoi. C’est ce que l’infirmière m’a dit en tout cas.

- Muet, muet… Glace, rebelle.... Hum. … “Libérééée, délivréééée”.

Amy chantonna une seconde supplémentaire avant de s’interrompre dans un rire.

- Au fait, c’est une demoiselle ou un damoiseau ? demanda-t-elle après avoir repris son sérieux.

- Euh… J’ai… J’ai pas… Attends.

Bonnie posa son Pokékit sur le sol, se leva, courut un instant, et finit par attraper le Goupix, ou “Pseudo-Goupix” comme elle l’appelait à présent, qui menait une expédition de découverte de la maison, depuis trois jours à présent. Elle le saisit par la taille et le tira à elle. Le lascar venait de refroidir le fier Ramoloss du papy.

- Te vexe pas, hein, je vérifie juste un petit truc de rien du tout.

Et sans plus de cérémonie, elle lui leva une patte arrière et jeta un bref coup d’oeil par en-dessous. Elle le relâcha bien vite. Le Pokémon n’eut pas l’air très dérangé par cette intrusion de son intimité et retourna à ses affaires : en l’occurrence, mordiller la queue du Ramoloss.

- Garçon, c’est un garçon, confirma Bonnie en récupérant le Pokékit.

- Garçon…, murmura Amy, penseuse. Oh ! Et si tu l’appelais “Vox” ?

- Vox… ? Comme dans “Vortex” ?

- Hein ? Non, du tout. De “vox, vocis” en latin, la “voix” !

- Tiens donc, du latin, quelle surprise, lança Bonnie dans une de ses premières tentatives d’ironie. C’est pas un peu mesquin de nommer mon Goupix comme ça ? Ca rappelle que, justement, de la voix, il n’en a pas…, s’inquiéta la gamine.

- … Et tout ce qui lui manque de voix, son nom y pallie, ponctua philosophiquement la jeune diplômée.

- Hum… Vox… Vox… Je pourrais m’y faire. Et puis ça veut dire quelque chose. Et puis… C’est toi qui l’as choisi ! lança-t-elle joyeusement à sa grande soeur.

- Ah ! Je ne sais pas pourquoi tout le monde compte sur moi pour les surnoms de Pokémon. On peut pas dire que j’aie l’habitude de nommer les miens, ou quoi que ce soit de ce genre !

Bonnie ne demanda pas qui désignait le “tout le monde”. À sa connaissance, sa soeur n’avait aidé qu’elle à trouver un nom pour Regal, et maintenant pour son Goupix. Elle ignorait que les services d’Amy avait été réquisitionnés par un grand rouquin de ranger, dont elle avait elle-même totalement oublié l’existence.

- Vox le Goupix de glace, récita Bonnie.

- Oh, ou “Nix”. Ca veut dire la neige. Hum… “Vox nivea” ? La “Voix neigeuse” ?

- C’est pas un nom ça, Amy, se plaignit la jeune fille. Et puis ça me rappelle quelque chose...

- Bon, bon. Je t’ai donné des idées, maintenant c’est à toi de voir. Je vais devoir te laisser, Bun’, faut que je retourne au travail, ma pause déjeuner se termine. Gros bisous ! Veille bien sur les deux p’tits bouts d’chou… Et sur tes Pokémon aussi !

Bonnie éclata d’un rire clair à la plaisanterie de sa soeur, qui parlait évidemment des grands-parents, puis lui souhaita une bonne après-midi et coupa la communication. Vox… Vox le Goupix blanc sans voix. Oh, une nouvelle idée lui traversa l’esprit : et si c’était un de ces Pokémon sans pigmentation aucune ? Mais ses yeux étaient bleus, pas rouges… Non, Bonnie ne comprenait pas. Vox n’était pas un Pokémon chromatique comme Regal, pas vraiment. Il avait d’autres spécificités propres à cette blanche forme, en premier lieu son type : de feu, voilà qu’il était devenu un Pokémon de glace. Qu’est-ce que ça voulait dire ?

- VOX ! On est en hiver, ça caille déjà assez comme ça, arrête de glacer Jason et le reste de la maison avec ! s’écria-t-elle en abandonnant son Pokékit et en se relevant pour courir après le Goupix.

Oui, le Ramoloss d’Adam Hawk, grand-père de Bonnie, portait le fier nom du conquéreur de la Toison Wattouat d’Or. Et il était pourtant nu comme un ver.


Lundi 23 janvier 2017, tôt le matin.


Chaussures de sport agréables aux pieds, mini-short pratique et tendance, petite blouse légère et sans manche, large chapeau de paille, lunettes solaires relevées sur ledit chapeau, ceinture usée  munie de deux balls et grand sac à dos de toile : la petite Leukosienne était prête pour son voyage vers l’inconnu ensoleillé de la péninsule de Garagara. Elle avait acheté son billet de bateau la veille et avait placé le précieux ticket dans la poche arrière gauche de son short en jean. Regal et Vox étaient fin prêts également, eux dans leur plus simple appareil. Les grands-parents de Bonnie lui avaient déjà souhaité un bon voyage et lui avaient fait toutes les recommandations d’usage. Finalement, elle avait facilement réussi à les convaincre grâce au message du Professeur Lloyd. Ils étaient très fiers que leur petite-fille soit choisie pour accomplir pareil devoir. De plus, quelle occasion en or de faire ses preuves en tant que dresseuse ! Ils ne pouvaient, surtout son papy, qu’approuver. La jeune fille se tenait sur le pas de la porte de la maison familiale et vérifiait qu’elle avait bien embarqué toutes ses affaires. Même si le temps dans la ville côtière était beau, il n’en restait pas moins froid : on était toujours en hiver. Aussi la jeune fille était-elle équipée d’une veste d’extérieur rembourrée jaune criard, dont elle aurait vite fait de se débarrasser une fois dans l’archipel. Il ne fallait pas qu’elle attrappe un rhume avant d’embarquer !

- Papy, mamy, j’y vais pour de bon cette fois !

Oui, car c’était en réalité son quatrième départ : elle était déjà revenue trois fois à la maison après avoir réalisé qui lui manquait l’un ou l’autre objet pour son aventure. À force, ses grands-parents s’en étaient désintéressés : ils avaient abandonné l’idée de la saluer à chaque fois et s’étaient réfugiés dans leur salon. Pour sûr, elle reviendrait à nouveau pour un oubli supplémentaire.

- Prends soin de toi, ma chérie ! Et fais attention de manger correctement, et de bien nourrir tes deux loustics, lui cria sa grand-mère.

- Tu me diras comment c’est, la pêche, là-bas ! renchérit son papy. Allez, dépêche-toi, tu vas rater le ferry et hors de question que je te rachète un ticket !

- Tu as bien tout ma chérie, tu es sûre ?

- Oui, oui, oui, oui et oui ! Au revoir papy, au revoir mamy !

- Lixyyyyy ! salua le Pokémon électrique.

Avant de sortir dans la rue, Bonnie considéra son Goupix blanc. Il avait pris la mesure de la maison à force d’y passer du temps. Mais il était encore très peureux et désorienté par la foule, humains et Pokémon, des rues de Bourg-en-Pêche. Pour ne pas le perdre avant d’arriver sur la péninsule, elle jugea bon de le rappeler dans la Mercuroball.

- Désolée… Je te ferai sortir quand il n’y aura plus aucun risque pour toi… Ou pour les autres.

Elle accrocha la ball à sa ceinture, puis quitta la maisonnée.

Bonnie parvint rapidement au port de Bourg-en-Pêche. C’était un chemin qu’elle connaissait par coeur et ses grands-parents n’habitaient pas très loin. Sur les quais, il y avait déjà un certain nombre de personnes. Sans se tromper, la jeune fille devina leur destination : l’archipel de Garagara. Ou alors, ces gens étaient des fanatiques intemporels des shorts et T-shirts. Un peu comme elle en cet instant, pensa-t-elle en riant intérieurement. Elle s’approcha du quai duquel devait partir son bateau et ordonna à Regal de la suivre de près.

- Attention de pas te perdre, sinon tu risquerais de te retrouver sur un ferry avec une destination tout autre. Et là, j’donne pas cher de ta peau. C’pas moi qui viendrai te chercher, en tout cas, ça je te le dis.

- Liiii’, émit Regal dans un cri plaintif.

Ce qui le gênait, ce n’était pas tant l’idée que Bonnie ne vienne pas à sa rescousse que le fait de devoir se tenir tranquille en attendant l’embarcation. Il y avait plein d’humains, et presque autant de Pokémon. C’était l’endroit et le moment pour faire des bêtises. Mais, outre sa dresseuse, un autre élément le retenait : la proximité de l’eau de mer. Il n’aimait pas beaucoup ça, et craignait d’y chuter dans un mauvais mouvement. Mais l’attrait de la rigolade était fort chez le Lixy.

Tous les trois étaient sur le départ pour… Une aventure exotique !
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Le début de l'aventure pour Bonnie McIlveen à Garagara ! Bienvenue à Vox, le Goupix d'"Alola", dans l'équipe <3 ~
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