Leukos PokeRP - Eclosion de Riolu

Vendredi 5 juin, début de soirée.

- Dépêche-toi ! cria le Ranger qui venait de quitter en trombe la Base de Silvilla.

C'était le début de soirée. Il devait être 18h-19h et Alec Evans courait à toute vitesse sous la pluie. Il traçait à vive allure sur le chemin forestier d'environ un kilomètre qui reliait la Base Ranger au charmant petit village de Silvilla. Si le sentier avait d'habitude un aspect plutôt sympathique, les grosses gouttes d'eau qui le martelaient depuis maintenant plusieurs heures lui donnaient un aspect boueux et le rendaient difficilement praticable. Le rouquin avait manqué de glisser à plusieurs reprises, et s'était rattrapé à chaque fois in extremis.
- P'tin ! jurait-il à chaque fois qu'il dérapait. Magne-toi, Sylve !
Le pauvre Minidraco glissait rapidement sur le sol, ce qui lui valait d'être couverte de boue et de saletés. Elle suivait comme elle le pouvait son Partenaire, totalement alarmé. Elle ne lui en voulait pas de ne pas l'attendre davantage, elle savait pourquoi il était aussi paniqué : c'est elle qui l'avait prévenu.

Dix minutes plus tôt, ils étaient encore tous les deux dans le dortoir commun des Rangers de Silvilla, côté garçons. Alec était en train de prendre une douche, puisqu'il venait de revenir de sa journée de travail, et Sylve, la Minidraco, se reposait tranquillement sur son lit, enroulée autour d'un objet à peu près sphérique recouvert de draps. Son Partenaire lui avait dit à de nombreuses reprises de ne pas l'exposer aux regards de tous dans le dortoir, mais Sylve, qui avait peut-être un certain instinct maternel, était d'avis que la petit chose qu'elle couvait avait de temps en temps besoin d'être entourée, bercée, rassurée, par une présence chaude et réconfortante, comme la sienne. Sylve ne savait pas si c'était elle qui avait provoqué ce qui s'était ensuite passé, ou si c'était simplement un hasard. Elle ne le saurait certainement jamais. Toujours est-il que le Pokémon serpent d'eau entendit soudain le son d'une craquelure. Elle releva la tête et regarda autour d'elle : rien. Huuuum... Elle la reposa sur le coussin et ferma à nouveau les yeux. Deuxième craquement, plus fort cette-fois. Elle se redressa, bien plus alerte que la fois précédente, tournant la tête dans tous les sens. Mais d'où ven- Oh ! Et elle comprit en voyant les draps bouger : la petite chose qui se tenait en-dessous était en train de s'agiter... Plus que ça, même. C'était... C'était l'heure de l'éclosion ?
- MINIDRACOOOOOOOOOOOOOOOOOOOO ! avait-elle hurlé en bondissant du lit, y laissant en son centre l'œuf qui remuait de plus belle.
- Qu-Qu-Qu-Quoi ?! s'était écrié Alec, qui sortit de sa douche en quatrième vitesse, une serviette à la taille, manquant de peu de s'étaler sur le sol.
Et les embrouilles avaient commencé.
Le Ranger s'était habillé en deux secondes chrono, avait agrippé l'œuf toujours couvert de ses draps et s'était élancé à toute vitesse dans l'escalier avant de prendre la porte : direction le Centre Pokémon. Il en avait oublié au passage sa sacoche, tous ses accessoires Ranger et... Sylve, qui l'avait suivi aussi vite qu'elle le pouvait.

Et maintenant ils étaient sur ce sentier, à courir afin d'atteindre à temps le Centre Pokémon. Sylve était presque certaine, après le moment de réflexion qu'elle avait pu s'accorder, que la plupart des naissances se déroulaient sans problème, que le Pokémon se soit trouvé ou non dans un Centre au moment de l'éclosion. Mais ça, elle n'arriverait jamais à en convaincre Alec. Alors elle le suivait.
Le rouquin tenait fermement l'œuf protégé par ses couvertures dans ses bras. Il était totalement affolé et, pourtant, ce n'était pas la première fois qu'il voyait un œuf éclore. Ça arrivait souvent, même, dans son métier mais, d'habitude, l'œuf en question était soit entouré de ses parents Pokémon, soit déjà amené au Centre. Soit... Si, il y a bien une fois où il avait vu un œuf sauvage éclore seul, mais il était en mission avec Lise et c'était surtout elle qui s'en était occupée. Il n'était pas sûr de se rappeler des gestes à effectuer, pas sûr qu'il s'était suffisamment bien occupé de l'œuf et que le Pokémon qui en sortirait serait en bonne santé, pas sûr... Pourquoi doutait-il autant ? Assurément, ça ne serait jamais arrivé avec un Pokémon sauvage... Il se sentait peut-être beaucoup trop responsable de ce nouveau-né pour risquer de commettre une erreur.
- Allez ! lança-t-il à Sylve.

Ils arrivaient enfin au bout du chemin, Silvilla était toute proche et le centre se trouvait à son entrée. Il passa les barrières qui entouraient la ville en sautant rapidement par-dessus puis traversa les portes vitrées coulissantes du Centre Pokémon, totalement trempé et Sylve sur les talons.
- Infirmière Joëlle ! Infirmière Joëlle ! Mon Pokémon... Mon œuf va écl-, fut-il interrompu.
Un dernier "crac" sonore se fit entendre et des bouts de coquilles d'œuf tombèrent à terre, par en-dessous des couvertures humides qui s'agitaient on-ne-peut-plus-grandement. Jusqu'à ce qu'elles tombent, elles aussi, comme arrachées par la chose qui se trouvait en-dessous et qu'Alec voyait pour la première fois : c'était une sorte de petit louveteau, de couleurs bleue et noire, avec un peu de blanc aussi. Un... Un... Le rouquin connaissait ce Pokémon.
- Un Riolu ? lâcha-t-il sans y croire en regardant la petite chose qui se débattait entre ses bras.
L'infirmière Joëlle, qui avait quitté son guichet pour approcher le petit groupe, ramassa les draps imbibés d'eau et les coquilles d'œuf qui trainaient à terre, puis se releva et s'adressa à Alec.
- Visiblement, vous n'avez plus besoin de mon aide, dit-elle dans un grand sourire. Suivez-moi, on va le décrasser un peu, ajouta-t-elle en montrant la voie à Alec et en le précédant.
Le Ranger, qui avait toujours les yeux rivés sur le petit Pokémon, comme émerveillé, dût recevoir un coup de tête de Sylve pour se décider à bouger. Celle-ci était presque aussi émerveillée que lui, bien qu'elle ne voyait pas bien le bébé de là où elle se tenait.

Joëlle lui prit enfin le Riolu des bras quand ils furent arrivés dans une petite salle du Centre et passa plusieurs minutes à le décrasser des restes de coquilles qui lui collaient toujours à la peau, à lui donner un bain et à le sécher. Alec et Sylve, toujours trempés, restèrent à côté d'elle pour observer et apprendre, puisque l'infirmière commentait ses actions comme s'ils assistaient à un vrai cours.
- Oh, n'hésitez pas à prendre un essuie ! dit-elle soudain en leur indiquant un tas de linges propres. Je ne voudrais pas que vous tombiez malades.
Alec hésita, puis s'exécuta : il enroula Sylve dans un de ces draps blancs, la frictionna, enleva la boue qui restait, puis se releva et se sécha lui-même les cheveux.
- Je pensais que vous seriez plus habitué à ce genre de situation, vu que vous êtes Ranger, commenta-t-elle après quelques minutes.
- O-Oui..., dit Alec, gêné, qui venait de passer la serviette sur son cou. O-on va dire que j'ai un peu pris peur, c'est le premier Pokémon que je fais éclore seul et je... J'avais peur de...
- Ne vous inquiétez pas, je comprends bien. On n'est jamais trop prudent. Et voilà, annonça-t-elle en se retournant et en lui tendant son Riolu.
"Son Riolu..."
- Ah... Euh... J-Je... O-Oui, m-merci, c-comment je le prends déjà ? dit-il en l'attrapant maladroitement tandis que Joëlle lui indiquait la façon de le porter. A-ah, v-voilà, merci, ajouta-t-il en le tenant enfin correctement.
Sylve se dandinait à côté de lui et grognait aimablement pour faire comprendre à son Partenaire qu'elle avait envie de le voir.
- S-Salut, toi ! fit Alec en regardant le Riolu qui se débattait toujours un peu. 
Il s'accroupit et le montra ensuite à Sylve.
- Dis bonjour, Sylve, c'est notre nouveau Partenaire ! Riolu ! Et salue-la, Riolu, c'est Sylve, ma Partenaire Ranger.
- 'coooo ! Minidracoo ! fit Sylve toute heureuse en dandinant la queue.
- Ri-Riolu ! clama celui-ci, qui avait un peu de mal à articuler.
Alec éclata de rire en les regardant se saluer. Ils étaient déjà presque amis.
- Il est en excellente santé ! intervint soudain l'infirmière Joëlle, qu'Alec avait presque oublié dans ce moment d'intimité. Vous vous êtes très bien occupé de son œuf.
- Tant mieux, et merci, dit-il en se relevant. J-J'ai participé à un cours sur l'élevage à la Pension de Pastorelle, en fait, c'est de là que j'ai tiré quelques techniques pour m'en occuper... Et c'est là que je l'ai eu, aussi. J-Je ne m'attendais pas vraiment à ce qu'un Riolu en sorte, c'est plutôt rare comme Pokémon. Quand le vieux de la Pension m'a dit que c'était un Pokémon Combat... Et au vu des couleurs de sa coquille... Oui, j'aurais du comprendre tout de suite, et pourtant... Haha, me voilà avec toi dans les bras, alors que je ne m'y attendais pas ! ajouta-t-il à l'adresse du Riolu qui le regardait avec de grands yeux ronds, d'incompréhension certainement.
Le Riolu, bien qu'il était petit, avait l'air robuste, et il était très, très énergique, puisque voilà qu'il se débattait à nouveau. Ce serait très certainement un Pokémon fort différent de Sylve. Un Pokémon dont il faudrait contenir, ou plutôt maitriser, la folle énergie. Il faudrait l'aider à la dépenser. C'était un Pokémon... Un Pokémon tout taillé pour le combat, comme son type l'indiquait.
L'infirmière Joëlle avait un large sourire : ça faisait toujours plaisir de voir des dresseurs acquérir de nouveaux Pokémon, surtout quand il s'agissait d'œufs. Puis son sourire se dissipa quelques secondes : ce garçon n'était pas dresseur.
- A-Au fait, vous avez l'autorisation de le garder, ce Pokémon ? demanda-t-elle, soudainement inquiète. V-Vous êtes Ranger, normalement... Ah mais oui bien sûr ! s'exclama-t-elle, comme soulagée. C'est un futur Pokémon Partenaire qu'on vous a demandé d'entrainer, c'est ça ?
Le Ranger se figea à la question de l'infirmière. Non. Non, il n'avait pas l'autorisation de le garder. Non, ce n'était pas un Pokémon destiné à devenir un Partenaire Ranger. Non, la Base de Silvilla ne connaissait même pas son existence, qu'il avait cachée jusqu'ici.
- O-oui, c'est ça, mentit-il. On préfère les prendre dès la naissance et aller les chercher directement chez l'éleveur, pour leur inculquer les bases le plus tôt possible, expliqua-t-il pour paraitre crédible. L-Le type et l'espèce restent r-relativement aléatoires, haha... J-Je... Euh... Combien je vous dois ? demanda-t-il en fouillant ses poches à la recherche d'un portefeuille qu'il n'avait pas sur lui, puisqu'il avait laissé la moitié de ses affaires à la Base.
- J-je vois, répondit Joëlle qui n'avait pas l'air tout à fait convaincue par sa réponse. Oh, rien, ne vous en faites pas pour ça. Je n'ai fait qu'utiliser un peu d'eau, ajouta-t-elle dans un sourire.

Elle raccompagna le Ranger et ses Pokémon au guichet, puis leur souhaita une bonne soirée, ce que le rouquin fit en retour.
- Oh, n'oubliez pas les couvertures ! dit-elle en lui tendant des draps propres qu'elle dénicha de sous son comptoir. Il risquerait d'attraper froid par ce temps pluvieux.
- M-Merci encore... Pour tout, dit le Ranger en lui rendant son essuie et celui de Sylve, puis en récupérant les serviettes propres qu'elle lui tendait et en y enroulant le petit Riolu combattif. L-Laisse-toi faire, voyons, tu vas chopper un rhume, sinon. 

Il salua une dernière fois l'infirmière puis se dirigea vers la sortie.
- Allez, monte, Sylve ! fit-il à sa Partenaire qui se faufila autour de son bras, puis autour de son cou. Tu vas encore finir pleine de boue sinon, fit-il avec un demi-sourire.
Il laissa un temps mort avant d'ajouter :
- D-Désolé pour tout à l'heu-, s'interrompit-il.
- 'Coooooooo ! lui pardonnait le serpent d'eau qui avait bien compris son angoisse.
Le Ranger lui grattouilla la tête avant de s'élancer sous la pluie : retour à la Base, où il faudrait impérativement cacher cette petite bestiole avant de lui faire voir un peu de pays...